jeudi 18 octobre 2018

Syméon Claudex doit bien se rendre à l'évidence : il a un urgent besoin d'argent. Faut de la thune, et vite !, comme disent les jeunes. Il sait qu'il en va de la possibilité même de son œuvre. Révolutionner la Littérature ne se fait pas avec l'esprit obstrué par les soucis financiers. Les dettes risquent de le détourner de son but. Déjà a-t-il failli pervertir le projet radical de son roman, en y laissant pénétrer des personnages, dans le seul but de se conformer aux goûts du grand public. Non, il le sait : il faut qu'il gagne rapidement de quoi calmer ses créanciers. Il faut prendre exemple sur ce courageux poète, qui afin d'assurer son indépendance créatrice, n'hésite pas à se lever aux aurores pour parcourir les rues froides de la ville, une besace lourdement chargée de courrier pesant à son flanc.

Syméon a acheté la presse du jour. Il va de journal en journal, étudiant méthodiquement les offres d'emploi. Puis il prolonge sa quête méticuleuse sur les sites en ligne d'aide à l'emploi, ainsi que dans les agences de travail intérimaire. Las ! Après plus de trois heures de recherches, il n'est que dépit.

C'est bien ma veine, pense-t-il, pas un seul emploi vacant dans une revue de critique littéraire !