mercredi 31 octobre 2018

Le week-end n'a pas offert à Syméon Claudex le gain de productivité qu'il espérait. Samedi matin, une dizaine de pages s'apprêtaient à jaillir de ses doigts, et avant même de s'y mettre il ressentait déjà la joie d'avoir écrit. Hélas, le soir de dimanche tomba sur une seule demi-page noircie de phrases bancales, aussi minéralement révolutionnaires qu'un pavillon de banlieue préfabriqué.

Et dire qu'il faut commencer la semaine par une convocation du chef de service, se dit Syméon Claudex. Mais il ne se laisse pas abattre. Sans doute a-t-on remarqué que son talent littéraire était sous-employé. Sans doute va-t-on lui confier une tâche plus noble. Réorganiser le milieu littéraire, peut-être ? Ou bien c'est évident, maintenant qu'il y pense va-t-on lui offrir de financer son œuvre sans le contraindre à ces basses besognes ! Sans doute réalise-t-on déjà que l'Art est à l'étroit dans ce bureau !

Claudex, en venant me voir, vous m'amènerez la demande de subvention d'Armand Métamagnus, arrivée la semaine passée. Le Président du Jury d'attribution des bourses considère que son œuvre est de première importance, et souhaite que le dossier soit examiné sans délai. Allez mon vieux, et que ça saute !