vendredi 5 octobre 2018

Le monde avait retrouvé sa pureté originelle.

L'eissaure réconfortant caressait le calcaire de son souffle doux comme au matin du premier chapitre, et rien ne troublait l'éternelle minéralité du roman ; plus la moindre trace de vie.

Plus d'ami pour pervertir son œuvre et l'encombrer d'idées poussives et dépassées. Plus de lâches concessions au goût des masses. Un nouveau chapitre s'ouvrait devant Syméon Claudex, impatient de creuser de sa plume le karst de la langue. Un chapitre sans rien qui le détournât de sa tache révolutionnaire. Sans végétal. Sans animal. Sans homme ni femme. Sans policier ni assassin. Un chapitre sans Deinoccocus radiodurans.

Un chapitre, enfin, sans virus.

Et pour le moment sans le moindre début d'idée, se dit Syméon Claudex, dont les doigts étaient depuis une heure suspendus dans l'air au-dessus du clavier et commençaient à s'engourdir.