jeudi 4 octobre 2018

Mon cher vieil ami,

Le cœur me saigne, mais la Littérature a ses raisons que le cœur ne connaît point.

Ce long compagnonnage qui fut le nôtre, je dois y mettre fin. Bien sûr, une belle histoire nous lie depuis notre plus tendre enfance. Bien sûr, de classe en classe, d'école en école, sur les bancs de l'Université, au service militaire, nous avons vécu côte à côte. Nos aventures de jeunesse, nos vacances, que de souvenirs joyeux... Je n'oublie pas que tu as ensuite épousé ma sœur, j'en fus le témoin, et je te prie par ailleurs de lui faire savoir qu'elle restera toujours dans ma mémoire. Comme, d'ailleurs, ma filleule, ta fille, que j'aurais aimé voir grandir. Je peux t'affirmer que ma décision n'a aucun rapport avec son handicap - je tiens à ce qu'il n'y ait entre nous aucun doute à ce sujet !

Ainsi, il est temps que nos chemins se séparent. Nous n'avons — ô combien je le regrette !  — pas du tout la même conception de la Littérature et des exigences de la révolution minérale dans laquelle je suis engagé corps (et comment !) et âme.

Adieu donc, mon frère. Peut-être nous reverrons-nous au-delà du monde des Lettres.

Celui qui fut ton ami,

Syméon Claudex

PS. Il va de soi que je te rembourserai l'argent que tu m'as prêté dès que j'aurai touché les à valoir de mon roman.