vendredi 30 novembre 2018

Syméon Claudex a décidé que c'en était assez, et qu'il était temps de remettre de l'ordre dans son processus créatif. Voilà ce qu'il lui faut : une résidence d'écriture. Louer un petit appartement, confortable mais simple, presque spartiate, loin des distractions du monde pour entrer en lui-même et repartir du bon pied sur la route exigeante de la révolution minérale de et dans la littérature. Il a besoin de calme, de sérénité, de concentration. Du murmure sacré de la nature. De méditation, peut-être. Je veux, dit-il, trouver sous la broussaille de mon être la voie ancienne qui mène aux sources de la langue. Quatre ou cinq jours. Une semaine peut-être.

Quelle bonne idée ! dit celle qui partage sa vie en se réservant la plus grosse part. Je t'accompagne, j'ai besoin de vacances ! Alors, Berlin ? Barcelone ? Londres ? J'ai une idée ! Milan ! J'ai envie de shopping !

jeudi 29 novembre 2018

Mon cher Claudex, dit le Ministre, je vous annonce avec plaisir que mon roman sera publié à la rentrée. Mon éditeur est emballé ! Il me prédit un grand succès. Je ne suis pas peu fier du travail accompli. C'est un peu grâce à vous, finalement. Il faudra me donner votre adresse, je vous ferai envoyer un exemplaire dédicacé. Ah ! Et je me suis permis de toucher un mot de votre travail à mon éditeur, ne me remerciez pas, c'est bien naturel.

Il vous conseille d'en faire un blog. C'est gratuit, figurez-vous.

mercredi 28 novembre 2018

René Descartes se lève et tape du poing sur la table. Je pense donc je suis, dit-il d'une voix forte.
Oui mais, Je est un autre, répond Arthur Rimbaud qui se balance dans un rocking chair, les godillots crasseux posés sur un banc. Je pense donc je suis ! hurle Descartes. Les veines de son cou sont au bord d'exploser. Oui, mais Je est un autre, répond Rimbaud dans un sourire narquois. Philip K. Dick entre dans la pièce. Son costume de majordome semble un peu étroit et le gilet rayé de jaune et de noir fait des plis au niveau du boutonnage. Un petit extraterrestre se balance à la chaine en argent qu'il porte autour du cou. Mettons-nous d'accord, dit-il, Je pense donc je suis un autre. Qu'en pensez-vous Claudex ? Claudex !  Claudex ? Qu'en pensez-vous ? Je pense donc je suis un autre !

Syméon Claudex se réveille en sursaut. Ces siestes ne me valent rien, dit-il, tandis que son regard se pose sur une ligne fraîchement écrite dans le journal de son double maléfique : "Claudex pense mais seul son autre est."


mardi 27 novembre 2018

"Cher journal,
Les dernières pages du roman de Claudex sont à périr d'ennui. Des pierres, du sable, du vent... Et que ça roule un peu... Et que ça soulève des grains... C'est d'une immobilité ! Il faut dire que Claudex est lui-même tout à fait ennuyeux. Finalement, des petits cailloux secs et de la poussière à peine balayée par des gaz, je crois que j'ai compris : son roman minéral est autobiographique."

Ce double maléfique a de la chance d'être moi, pense Syméon Claudex, sinon je lui foutrais une de ces raclées !

lundi 26 novembre 2018

Laissez-le s'exprimer, ce double maléfique, dit le psychiatre à Syméon Claudex. Par exemple, vous écrivez votre roman, et vous le laissez tenir un journal ! Vous verrez, cela vous fera beaucoup de bien.

Syméon Claudex écrit son roman toute la matinée, puis s'endort pour une courte sieste. Quand il se réveille, il trouve un cahier ouvert sur le bureau. Son double maléfique a écrit une première page de journal.

"Cher journal,
Je viens de lire le début du roman de Claudex.
Bon sang, quelle merde invendable !"

dimanche 25 novembre 2018

Je vous pose la question, Monsieur Claudex, dit le psychiatre. Votre désir inconscient d'être acheté par les lecteurs fait-il de vous un vendu ?

Syméon ne sait que répondre. Il se tortille sur sa chaise. Se ronge les ongles. Se racle la gorge.

Ah! La question vous met mal à l'aise, Monsieur Claudex ? Je vous trouve un peu emprunté !

samedi 24 novembre 2018

Ainsi donc, dites-vous, quoique vous écriviez désormais, votre roman minéral est envahi par une langue régressive, presque puérile, et reproduisant les structures symboliques du roman sentimental. C'est bien cela?, dit le psychiatre à Syméon Claudex.

Et bien, c'est limpide ! C'est une forme propre à l'écrivain du complexe d’Œdipe: vous exprimez le désir inconscient d'être lu par votre mère !

vendredi 23 novembre 2018

Le_Runner_littéraire s'élance pour un parcours d'inspiration de cinq kilomètres. La foulée est bonne, pense Syméon Claudex. L'oxygène avalée par goulées fait sur ses portes de la perception l'effet d'une bourrasque ! Les idées jaillissent, brutes et informes. Elles courent devant lui et lui servent de lièvre. Il les poursuit jusqu'à les attraper toutes. Une fois rentré chez lui, ne reste qu'à les changer en littérature.

Las ! Quand il s'assied à son bureau, Syméon Claudex constate que quelqu'un a déjà allumé son ordinateur, ouvert son fichier et écrit une dizaine de phrases, faisant un pauvre usage de ses idées, simplifiées et grotesques.

Quelle poisse ! Si en plus mon double maléfique court plus vite que moi !

jeudi 22 novembre 2018

Syméon Claudex s'est mis de bonne heure au travail. Maintenant que le roman du Ministre est achevé, il va pouvoir, enfin, se retrouver seul avec lui-même et son roman minéral. La révolution m'attend pour prendre son glorieux envol, pense-t-il. Je sens que trépignent au bout de mes doigts les phrases sublimes que la littérature espère !

« L'émeraude reflétait un éclat de lune et brillait d'un désir coupant. Le Sirocco, puissant et brutal, la frôlait de toute sa virile sensualité. L'émeraude attendait impatiemment qu'il la fit rouler et la culbute contre la falaise. Jamais elle n'avait ressenti autant de chaleur pénétrer son cœur endurci. Elle s'émoussait à son contact, ne perdant rien de son irrésistible beauté. »

Ah non !, dit Syméon Claudex à son double maléfique, ça suffit comme ça ! Il faut me laisser travailler, maintenant !

mercredi 21 novembre 2018

"Après l'incendie qui avait ravagé une partie du champ d'oliviers, James avait disparu mystérieusement. Hélène était partagée entre l'inquiétude et le soupçon, mais l'amour avait déjà fait son œuvre et dans le secret de son cœur, Hélène brûlait de l'espoir de retrouver James. Son dernier baiser avait laissé sur les lèvres de cette femme indomptable une griffure incandescente. Maintenant que Breteuil était, au moins provisoirement, hors d'état de nuire, elle voulait jeter toutes ses forces dans la reconstruction du domaine et elle espérait la présence de James à ses côtés. Oh ! Breteuil finirait par se remettre de cette crise cardiaque, mais en attendant, c'est à retrouver le nouveau maître de son âme qu'elle aspirait. Hélène regarda le soleil se coucher à l'ouest, et la brise du soir agitait ses cheveux comme le fit le souffle chaud de James tout au long de leur dernière nuit.

Elle frissonna.

Je te retrouverai, James, dit-elle. Je te retrouverai.

FIN"

Ah oui ! Épatant !, dit le Ministre. Bravo Claudex ! Quelle intensité ! Vous avez écrit exactement le roman auquel je pensais. Je suis un auteur comblé !

mardi 20 novembre 2018

Les oliviers de la bastide des Templiers sous l'orage (huit tomes). Le secret du palefrenier de la colline aux loups (quatre tomes). Simon des terrils (trois tomes). Le troisième sceau secret des forgerons cathares. Le codex de la bergerie albigeoise (cinq tomes). Adaptations télévisées ??

Diantre !, se dit Syméon Claudex en parcourant le plan de travail de son double maléfique. On dirait bien qu'il a l'intention de s'incruster !

lundi 19 novembre 2018

Bon, c'est compris, les enfants ?, répète Syméon Claudex. Si vous entendez que l'on tape avec frénésie sur le clavier, si une forte odeur d'eau de Cologne s'échappe par dessous la porte en même temps qu'emplit l'espace une symphonie de Beethoven ou un concerto de Mozart, n'entrez surtout pas dans le bureau ! C'est mon double maléfique qui travaille. Ne le dérangez pas, je ne sais pas de quoi il est capable.

- Nous conduira-t-il tout de même à notre leçon de danse ?
- Vous laisser monter en voiture avec lui ? Vous n'y pensez pas ! S'il conduit aussi mal qu'il écrit !

dimanche 18 novembre 2018

Inadmissible ! C'est de pis en pis !, s'écrie Syméon Claudex devant le miroir, après avoir repris conscience en cette fin d'après-midi. Avoir pour double maléfique un mauvais écrivain qui pond trois chapitres par jour, passe encore, mais faut-il vraiment qu'il porte des chemises en soie rose et des vestes pastels, et se couvre le visage de fond de teint ?

samedi 17 novembre 2018

Tandis qu'il referme le traité de psychiatrie emprunté à la bibliothèque, Syméon Claudex se demande si, pour un écrivain, le dédoublement de personnalité pourrait s'accompagner d'un accroissement proportionnel de ses droits d'auteurs.

vendredi 16 novembre 2018

Syméon Claudex s'est assoupi. À son réveil, il constate que toutes ses notes concernant son roman minéral ont été chiffonnées. Elles encombrent désormais la corbeille et jonchent le sol comme le feuillage caduc et chu d'un chêne en automne. La couverture de son encyclopédie Roches et Minéraux du Monde, éditions Delachaux & Niestlé, semble avoir été lacérée au cutter et les pages arrachées par dizaines finissent de se consumer dans l'âtre. Il jette un œil par la fenêtre qui donne sur le jardin. Les moulins à vent que ses enfants avaient plantés ont été brisés et les restes de leurs pales en plastique dépassent sous le couvercle de la benne à ordures. Syméon se rue devant un miroir : ce sont bien ses traits ; pourtant, un étrange éclat se reflète dans ses yeux. Sa vue semble brouillée et il y a plus mystérieux : ces griffures partout sur les boiseries du bureau. Et ces touffes de poil noir et gras, pareilles à des échantillons de fourrure de quelque bête sauvage, accrochées aux accoudoirs de son fauteuil...

C'est bizarre, pense Syméon Claudex, le chat est pourtant mort depuis des mois, qui du reste était blanc.

Sur le bureau, les chapitres 21, 22 et 23 du premier tome de "Les oliviers de la bastide des Templiers sous l'orage" ont été imprimés, sans que Syméon Claudex ait le moindre souvenir de les avoir écrits.

jeudi 15 novembre 2018

"- J'ai peur de comprendre, James, dit Hélène dans un souffle haletant. Vous voulez dire que...
- Oui, Hélène, je suis le dernier des Templiers. Et je suis ici pour protéger le trésor de mes ancêtres.
Depuis qu'elle avait compris que James cachait un secret mystérieux, Hélène ne savait plus où elle en était. Son attirance pour James n'avait fait que s'accroître depuis des semaines. Elle lui avait offert sa confiance, elle brûlait de lui offrir son amour, mais elle craignait désormais qu'il ne l'eût trahie.
- Mais quel est le rapport avec moi, James ? Que voulez-vous de moi ?
- Hélène, il y a des choses que vous ignorez sur votre domaine. Des choses qui ont été cachées depuis des siècles. C'est pour vous protéger que je ne vous en ai rien dit.
- Me protéger ? dit Hélène dans un souffle inquiet. Mais me protéger de qui ? De quoi ?
 James prit une profonde inspiration. Derrière lui le soleil couchant rougeoyait sur le champ d'oliviers. Le parfum de la terre montait dans le soir.
- Hélène, dit-il, ce que je vais vous dire est un très ancien secret. Beaucoup de gens sont morts à travers les siècles pour le préserver.
- Oh James, parlez, je vous en conjure !
- Hélène... Le trésor des Templiers est en réalité un livre. Un roman minéral. S'il était révélé au monde, cela provoquerait une révolution de et dans la Littérature, c'est-à-dire un bouleversement complet de tout ce que l'humanité a considéré comme beau et vrai depuis la nuit des temps. Ce serait un cataclysme pour l'art du roman ! Un roman comme le nôtre serait en grand danger !
- Mais... dit Hélène, c'est affreux ! Quelle horreur !
- Il faut absolument que ce roman minéral ne soit jamais trouvé, Hélène. Jamais !"

En relisant ces lignes, le double maléfique de Syméon Claudex éclata d'un rire machiavélique.

mercredi 14 novembre 2018

- Dites-donc, Claudex, dit le Ministre, j'apprends par un ami que ce qui marche pour avoir des prix, de nos jours, c'est l'exofiction - du diable si je sais ce que c'est ! Rassurez-moi, ce roman-monstre que vous m'écrivez, mon ami, c'est bien de l'exofiction ?
- Pas le moins du monde, Monsieur le Ministre, l'exofiction, c'est bon pour les romanciers sans imagination.
- Un autre ton, Claudex ! N'oubliez pas que vous parlez à l'auteur de votre roman !Me dire que je n'ai pas d'imagination ! C'est un peu fort !

mardi 13 novembre 2018

Chaque jour qui passe aggrave le problème. Chaque jour qui passe, Syméon Claudex écrit de plus en plus de pages pour "Les oliviers de la bastide des Templiers sous l'orage", et il les écrit de plus en plus facilement. Et chaque jour, il écrit de moins en moins de lignes pour son roman minéral, et elles naissent dans une grande souffrance. C'est comme si le roman détestable du Ministre prenait peu à peu le dessus sur son œuvre véritable.

- Rappelle-moi, quel est ton livre préféré ? demande un ami à Syméon Claudex.
- L'étrange cas du Docteur Jekyll et de Mister Hyde, de Robert Louis Stevenson, pourquoi ?

lundi 12 novembre 2018

Vous n'allez pas y arriver, mon vieux ! Ce n'est pas si facile, de faire carrière dans le roman minéral ! Êtes-vous bien outillé, au moins ? Vous savez où creuser ? Le début du roman s'effrite, faudrait étayer ! Vous voulez vraiment continuer dans cette veine-là? Non parce que va falloir aller au charbon, Claudex, si vous voulez exploiter le filon et sortir une pépite ! Oh et qu'est-ce que vous avez mauvaise mine! Oui ! Mauvaise mine ! MAUVAISE MINE! MAUVAISE MINE ! HA HA HA HA Ha, MAUVAISE MINE, Claudex, vous avez MAUVAISE MINE ! MAUVAISE MI...

Bon sang, déjà dix sept heures dix ! crie Syméon Claudex en s'éveillant en sursaut. Encore une après-midi de fichue !

dimanche 11 novembre 2018

Non et non, bien sûr que non, je n'ai pas l'impression de me pervertir, répond Syméon Claudex à la question provocatrice qui lui est faite par celle qui partage sa vie - à parts inéquitables, soit dit en passant. J'écris cette daube pour gagner la liberté de créer des mondes inconnus où seule la Littérature et l'innovation font la Loi ! J'ai déjà écrit quinze chapitres, ce n'est pas si cher payer ! 

- Quinze chapitres ? Et quelle part de monde inconnu as-tu pu créer pour ce prix-là ?
- Huit lignes, mais ce n'est pas la question !

samedi 10 novembre 2018

"- James, écoutez-moi, je dois vous parler, dit Hélène d'une voix qu'elle ne put empêcher de trembler, trahissant le trouble qui l'envahissait.
- Je sais, Hélène, répondit James dont le corps était huilé par l'effort. Voilà, ajouta-t-il, le toit de ce cabanon est réparé. Je vous devais bien cela, Hélène.
- Oh James, depuis cette nuit d'orage où vous êtes entré dans ma vie et dans celle du domaine, vous m'avez offert plus d'aide et de soutien que quiconque dans la région, reprit Hélène. Mais...
- Oui, Hélène ?
- Mais vous êtes si mystérieux, James ! dit Hélène dans un souffle.
 Elle tourna la tête et ses cheveux blonds furent soulevés par le vent, découvrant sa nuque fine et la courbe élégante de son cou.
- Je ne sais rien de vous, James. J'ai tant de questions à vous poser, mais je vous sens si secret...
James l'interrompit d'une voix douce et plus tendre qu'à l’accoutumée.
- Que voulez-vous me demander, Hélène?
- Et bien... par exemple... Oh James, j'ai si peur de vous effrayer !
- Parlez Hélène, vous n'avez rien à craindre de moi, dit James en s'avançant vers elle.
Il pouvait sentir la caresse de ses cheveux dorés sur son visage. Ses yeux cherchaient à dire à Hélène tout ce qu'il ressentait pour elle.
- James, je vous en conjure, soyez sincère... Je... Croyez-vous, a) que la cornaline bandée est un minerai plus ou moins précieux que la vanadinite et surtout, b) pensez-vous qu'une bourrasque de Barrani venant du Nord est susceptible d'avoir la puissance suffisante pour détacher des fragments de calcaire des falaises et si oui, de quelle taille ?"

Ah ! Déjà treize heures, se dit Syméon Claudex. Mon horloge biologique me dit qu'il est temps de changer de fichier !

vendredi 9 novembre 2018

- Dites-moi, Claudex, je viens de lire dans Le Monde un manifeste qui réclame des romans-monstres. Au diable l'autofiction, paraît-il —  je ne sais pas ce que c'est mais ça m'a l'air complètement hors du coup ! Rassurez-moi, Claudex, c'est bien un roman-monstre, que vous m'écrivez, n'est-ce pas ?
- Il sera, en effet, assez laid et stupide, Monsieur le Ministre.

jeudi 8 novembre 2018

Écrire aisément ce que je méprise et peiner sur ce que j'aime : est-ce la malédiction dont je dois être victime ?, s'interroge Syméon Claudex.

mercredi 7 novembre 2018

Puisqu'il ne doit plus trier les dossiers, Syméon Claudex passe les matinées sur le roman du Ministre, ce qui lui permet de consacrer les après-midis à son roman minéral. De longues après-midi de création pure et noble, sans être empêché par de vulgaires tâches administratives.

Le roman du Ministre avance à grands pas : les personnages prennent de l'épaisseur, s’enracinent profondément dans la terre avec les oliviers ; ils se frottent les uns aux autres, mus par la diabolique mécanique d'un auteur inspiré. Syméon Claudex écrit avec célérité, et tandis qu'il couche sur le papier une scène, un dialogue ou un paysage de Provence, une autre scène naît à son esprit et se construit sans qu'il lui soit nécessaire de reprendre son souffle. Il sent la fragilité d'Hélène cachée sous sa carapace. La duplicité de Breteuil n'a pas de secret pour lui. Comme cette prose est facile à écrire ! Quelle rigolade ! Cinquante pages ont fleuri en quelques jours à peine !

- C'est formidable, mon vieux!, dit le Ministre à Syméon Claudex. Et votre propre roman minéral,ça avance ?
- Huit lignes, Monsieur le Ministre.

mardi 6 novembre 2018

" - C'est la terre de ma famille, Breteuil, vous comprenez ? Mon mari est mort ici ! Rien ne me fera partir, vous m'entendez ? Rien !"

Hélène tremblait comme une feuille. La colère se mêlait à la détermination chez cette femme que l'adversité avait durcie comme le bois de ses oliviers.
" - Soyez raisonnable, Hélène. Vous ne ferez pas le poids. Ce qui se passe ici vous dépasse."
La voix d'Edmond Breteuil était calme mais tout dans son attitude semblait menaçant.
" - Allez-vous en, cria Hélène, partez de chez moi, Breteuil !
- Je veux vos terres, Hélène, vous m'entendez ? Je veux vos terres et je les aurai !"

Ah ça part bien ! Je suis déjà pris ! Quelle femme ! Quel caractère ! Excellent Claudex, continuez ! Je me réjouis déjà d'être l'auteur de votre roman !

lundi 5 novembre 2018

Monsieur Claudex, votre supérieur m'a fait part de votre petite manœuvre. Nous pourrions vous renvoyer pour faute grave. Vous trainer devant des tribunaux. Détruire votre réputation. Faire de vous un paria des Lettres. Un tricard des mots. Mais si je comprends bien, ce projet de roman, "Les oliviers de la bastide des Templiers sous l'orage", Métamagnus ne va donc jamais l'écrire ?

- C'est peu probable, Monsieur le Ministre.
- Parfait ! Que diriez-vous de l'écrire en mon nom ? J'ai toujours eu envie d'être l'auteur d'un grand roman du mystère et de la sensualité !

dimanche 4 novembre 2018

Attendez, laissez-moi reprendre ça depuis le début, Claudex. Donc... Armand Métamagnus est un imposteur qui prétend lancer une révolution élémentariste dans la littérature, ce qui n'est qu'une version dévoyée de votre propre Révolution Minérale de et dans la Littérature. Pour cette raison, vous l'avez exclu de l'Internationale élémentariste par anticipation, puisque cette internationale n'existe pas encore et ne comprend de fait qu'un seul membre : vous. Ensuite, Armand Métamagnus vous a refusé une priorité de droite et sournoisement exploité un très léger c'est votre appréciation excès de vitesse dans votre chef pour vous faire porter l'entière responsabilité de l'accident, ce qui, naturellement, vous a placé dans une situation financière délicate. Vous avez donc cherché du travail et, après divers refus et expériences malheureuses, vous avez été engagé dans notre service où le tri des demandes de bourses d'aide à la création littéraire vous a été confié, tandis que vous mettiez votre œuvre, que vous me décrivez comme fondamentale et radicalement neuve, entre parenthèses en raison des horaires exigeants de votre emploi. Lorsque la demande de subvention envoyée par Armand Métamagnus est arrivée sur votre bureau, vous avez procédé à sa destruction complète pour, dites-vous, le bien de la littérature et de la langue française. Cela, évidemment, et je peux le comprendre, vous a mis dans l'embarras dès lors que je vous ai réclamé ce dossier que le président du jury souhaitait examiner sans délai. Vous avez donc écrit un faux résumé, volontairement, dites-vous, (je vous cite), débile et racoleur, un vrai piège à décérébrés des Lettres, afin de ridiculiser Métamagnus, pardon, je reprends vos termes, dégonfler cette baudruche scriptomalfaisante de Métamagnus, lequel résumé, contre toutes vos attentes mais, selon vos termes, en parfait accord avec l'état pitoyable des goûts dominants au sein de ce peuple de taupes littéraires, a reçu un avis extrêmement favorable du Président du Jury. C'est bien ça, Claudex ?

- Tout à fait, Monsieur, et c'est pourquoi je pense sincèrement que cette bourse de neuf mille euros devrait m'être accordée. Après tout, je suis le seul véritable auteur de ce dossier !

samedi 3 novembre 2018

Vous voyez, Claudex, voilà ce que c'est que la Littérature ! Des personnages attachants. Une histoire d'amour. Un trésor caché. Des oliviers et des Templiers. Surtout des Templiers ! Le reste, c'est du temps gâché. Du pensum intellectualisant. Nous voulons de l'aventure ! Des corps qui se frôlent ! Du sentiment et de la chair humaine ! Des fluides corporels ! 

- Et vous, Claudex, votre roman en préparation, de quoi s'agit-il ?
- De la poussière et du vent, Monsieur.
- Intéressant. Pas de templiers ?

vendredi 2 novembre 2018

En équilibre depuis des millénaires sur son promontoire, la masse étincelante de gypse et de diamant dominait la vallée. Le roc majestueux n'avait point de rival. Tout au fond, au pied de l'adret, un misérable amas de charbon osait prétendre à se faire emporter par le Foehn voyageur pour répandre sa poussière crasseuse sur la noble terre et la couvrir de ses déchets. Quelle prétention ! Mais le terrifiant mégalithe veillait. Jamais il ne laisserait ce ridicule petit tas souiller la pureté minérale du monde. Venez à moi, fier Sirocco et redoutable Bech ! J'en appelle à votre puissance ! Soufflez ! Soufflez ! Poussez-moi ! Que je roule et roule et roule et écrase de toute ma gloire ce nuisible rejet carboné de notre incandescent noyau terrestre !

Claudex! Réveillez-vous, mon vieux ! Préparez immédiatement un courrier adressé à Armand Métamagnus. Le Président du Jury lui octroie, en accord avec le Ministre, une bourse spéciale de neuf mille euros pour l'exceptionnelle qualité de son projet.

jeudi 1 novembre 2018

Titre : Les oliviers de la bastide des Templiés sous l'orage

Ce roman est l'histoire du trésor des templiérs. Les templiers ont caché leur trésors sous un olivier dans un chant d'oliviers en provence .À notre époque le chanp appartient à Hélène, une femme séduisante de quarante ans qui vit seule depuis la mort de son mari (Elle ressemble à Mireille Darque). La famille des Breteuils possède toutes les terres autour de ses terres à elle et ils veulent prendre ses terres. Le patriarge de la famille Breteuil est un sale type qui s'appelle Edmond Breteuil. Hélène croit qu'il veut ses terres pour récupérer les oliviers mais en fait il est le descendant d'une famille qui étaient dans les Templiés mais qui les a trahi et il sait que le trésor est peut-être sur les terres d'hélènes. Un jour il y a un gros orage et un homme mystérieux vient se réfugié chez Hélène. Il a l'air d'avoir des secrets mais Hélène décide quand même de l'hébercher. Il faut dire qu'il est très séduisant aussi. Alors Hélène va-telle retrouver l'amour et retrouver le désir? Qui est cet homme et ses secrets et qu'est-ce qu'il a avoir avec les Templiés? Et est-ce qu'Edmond Breteuil arrivera à ces fin? "Les oliviers de la bastide des Templiés sous l'orage' est un roman plein de mystère et de secrets cachés sans oublié l'amour et la sensualité. Il sera en trois toms (tom*, tom** et tom***), ce qui va me prendre un certain temps, alors j'aurai besoin d'une bourse assez chères.
Merci d'avance.

- Attendez, Claudex, c'est ça la demande de subvention d'Armand Métamagnus ? 
- J'en ai peur, Monsieur.