dimanche 30 septembre 2018

Syméon s'est enfoncé dans le fauteuil. Il se sent mal. Dès qu'il n'est pas en position assise, son ventre se tord comme on le ferait d'une serpillère gorgée d'eau.

Syméon allume la télévision. C'est une rediffusion de "La Grande Librairie". Un écrivain qu'il n'identifie pas débite des banalités sur la création littéraire. Même lorsque je décris la structure d'un bâtiment qui n'est qu'au second plan dans le décors de mon roman, dit-il, je plonge en moi pour extraire de la carrière sacrée de mon intimité le granit même de ce bâtiment. Syméon Claudex se dit que c'est complètement idiot. Le granit à la carrière sacrée de son intimité ! Allez Syméon, pense-t-il, éteins-moi ça ! Tu as mieux à faire que d'écouter ce moulin à inepties !

Fiévreux et domptant de sa volonté créatrice les spasmes qui secouent ses entrailles, Syméon se lance dans l'écriture d'une scène ambitieuse où le volcan tremble et fume, puis entre en éruption, envoyant à la ronde d'incandescentes projections pyroclastiques, tandis que des coulées de lave s'échappent de ses flancs et brûlent tout sur leur passage.