vendredi 14 septembre 2018

Chacun à son tour se lève et se nomme à voix haute, et tout le groupe dit bonjour pour lui souhaiter la bienvenue. Certains semblent près de l'effondrement. Ils tiennent à peine sur leur jambes flageolantes. Leur voix se brise au moment de saluer l'assemblée, se gorge de sanglots, et de leurs yeux embués suinte une terrifiante angoisse. Ils sont passés par des moments difficiles. Être ici n'est que le début d'un long chemin, ils le savent. Ils sont émus de la main tendue, de la chaleur humaine qui déjà les couvre d'un réconfortant duvet et les rehausse dans leur humanité dégradée. Ainsi donc, ils font partie de la grande communauté des Hommes. Leurs faiblesses, leurs erreurs, tous ces choix coupables qui les ont fait déchoir : tout est pardonné. Par la parole et l'écoute mutuelle, ils ont l'espoir de s'en sortir.

C'est bientôt le tour de Syméon Claudex de se présenter. Il a le trac. Il doute. Doit-il tout dire de sa souffrance ? Cela va-t-il l'aider ? Il n'a pas le temps d'y réfléchir davantage. Il se lève, parle, et les larmes d'une douleur contenue jaillissent soudain. Il se libère. Il met des mots sur ses problèmes et pleure et pleure et pleure encore. Tout le monde l'entoure et l'encourage.

Il a bien fait, se dit-il, de rejoindre ce groupe des Anxieux Typographiques Anonymes.