mercredi 7 novembre 2018

Puisqu'il ne doit plus trier les dossiers, Syméon Claudex passe les matinées sur le roman du Ministre, ce qui lui permet de consacrer les après-midis à son roman minéral. De longues après-midi de création pure et noble, sans être empêché par de vulgaires tâches administratives.

Le roman du Ministre avance à grands pas : les personnages prennent de l'épaisseur, s’enracinent profondément dans la terre avec les oliviers ; ils se frottent les uns aux autres, mus par la diabolique mécanique d'un auteur inspiré. Syméon Claudex écrit avec célérité, et tandis qu'il couche sur le papier une scène, un dialogue ou un paysage de Provence, une autre scène naît à son esprit et se construit sans qu'il lui soit nécessaire de reprendre son souffle. Il sent la fragilité d'Hélène cachée sous sa carapace. La duplicité de Breteuil n'a pas de secret pour lui. Comme cette prose est facile à écrire ! Quelle rigolade ! Cinquante pages ont fleuri en quelques jours à peine !

- C'est formidable, mon vieux!, dit le Ministre à Syméon Claudex. Et votre propre roman minéral,ça avance ?
- Huit lignes, Monsieur le Ministre.