mercredi 16 janvier 2019

Votre roman, Monsieur le Ministre, est évidemment d'essence antitragique, et votre Hélène, en qui bien sûr nous ne manquons pas de voir Hélène de Troie espérant James-Pâris, tout autant qu'Hélène, en ce qu'elle attend les garçons, que nous comprenons ici - et pourquoi non ? - comme les Templiers, imprécateurs passés d'un Dasein qui ne saurait advenir, et que j'ai moi-même signifié à travers une formule qui est aussi, je le reconnais, une anti-formule : l'immoralisme poivré par les convenances. Ainsi je tiens "Les oliviers de la bastide des Templiers sous l'orage" pour l'imago d'un Zeitgeist du contemporain. Car enfin la dialectique qui s'installe entre Hélène, d'une part, figure antitragique, et Breteuil, en statue du Commandeur qui est l'archétype d'un logos performatif, nous sert à percevoir les conditions d'un dépassement du donné phénoménal au sens où Schoppenhauer l'entendait. Comme je le dis souvent : grâce à des auteurs tels que vous, le réel a cessé d'être neutralisé par le langage, et s'offre au spectateur dans son immonde crudité.

- Eh bien merci, cher Raphaël, pour cette lecture passionnée, conclut le présentateur de "La Masse et l'Enclume", tandis que Syméon Claudex, ivre, se demande si par hasard, les philosophes qui passent à la télévision ne sont pas, eux aussi, sous l'emprise d'un double maléfique.