jeudi 10 janvier 2019

Syméon Claudex explique à un ami combien il lui est difficile de se remotiver à l'écriture de son roman. Quelle peine il ressent à trouver un chemin dans l'épaisse forêt de ses doutes. Tout ce à quoi il a consacré son âme est désormais dans les mains, et dans le livre, d'un autre que lui, qui lui a pris son vocabulaire, son univers, et même, pour ainsi dire, sa voix. Quelle douleur est la sienne quand il cherche une idée minérale, la tête enserré dans ses mains comme si elles pouvaient en presser le jus de la création ! Il se sent, dit-il, vide de toute énergie. À Métamagnus la joie du roman achevé ! À Métamagnus la reconnaissance critique ! L'admiration du public — jusqu'à celle de sa propre compagne ! Et à lui, que reste-t-il ? Un roman ensablé pris dans une tornade de vent glacé. Non, vraiment, il lui faut changer de perspective. Une nouvelle raison d'écrire. Un carburant puissant. Une nouvelle maîtresse intellectuelle !

C'est pourquoi, dit-il, j'ai décidé de reprendre mon roman sur des bases littéraires saines : le désir de vengeance et l'humiliation de l'adversaire.