mardi 22 janvier 2019

Syméon Claudex sait qu'il n'est qu'une manière de se remettre à l'écriture de son roman : s'isoler dans son bureau. Fermer les écoutilles sur le monde extérieur. Éteindre la lumière partout où n'est pas son travail. Ne plus jeter le moindre regard aux pages littéraires des magazines. Ne plus allumer la télévision. Barricader les fenêtres électroniques. Couper le téléphone, l'enfermer dans un coffre, enterrer le coffre et couler sur le trou rebouché le béton de l'oubli. Rien ne doit l'empêcher de révolutionner la littérature : ni le bruit sourd des concurrents malveillants, ni le bavardage des livres sans âme. Être seul et concentré, pour trouver, en lui-même, son œuvre.

Ainsi, voici que je lance à l'intérieur de moi, tel un cri, tel un appel, l'onyx noir qui réveillera le dragon créateur, dit à part lui Syméon Claudex, un peu dépité que ne lui revienne rien d'autre que l'écho d'un caillou tombant au fond d'un puits désaffecté.