mardi 19 février 2019

Te rappelles-tu, dit Syméon Claudex à celle qui partage sa vie, notre randonnée en montagne, l'été passé ? Nous nous étions réveillés quand la nuit était encore noire et avions quitté le gîte en silence comme s'il s'était agi de quitter le monde, laissant derrière nous le confort des êtres du commun pour nous offrir à l'aventure. Nous savions le chemin long et exigeant mais nous étions résolus à surmonter toutes les difficultés qui surgiraient au cours de notre ascension. La sente escaladait la pente raide jusqu'à ce qu'elle fût devenue parois rocheuse. Il nous fallut contourner des roches éboulées, chercher la trace qui s'était perdue sous les herbes folles. La marche en altitude soumettait nos corps à des efforts violents. L'oxygène brûlait nos poumons, nos gorges s'asséchaient. Les muscles de nos jambes faiblissaient, menaçant de rompre à chaque pas. Après plus de quatre heures à progresser aux limites de notre résistance, dans la lumière aveuglante du soleil matinal, nous avions aperçu le pic au détour du chemin, et avions jeté nos dernières forces dans une lutte pour atteindre le sommital Éden comme des Justes en Apothéose. Las ! À peine avions-nous touché au but que nous avions compris que ce n'était qu'un premier col, et que de longues heures de marche et de souffrance nous attendaient encore avant d'atteindre notre but. Tu t'en souviens ?

Eh bien, figure-toi que je viens de terminer d'écrire le quatrième chapitre de mon roman.