vendredi 22 février 2019

Le bivouac est secoué par des vents violents. La neige s'est remise à tomber et recouvre la tente. Impossible de sortir, il faut rester calfeutré à l'intérieur en attendant que la tempête cesse, et espérer que le camp ne soit pas enseveli. La lampe frontale s'éteint, piles vides. La balise émet faiblement. Défectueuse. Plus rien à manger. Être seul, absolument seul. Plongé dans une solitude absolue. Isolé sur la portion la plus isolée du versant le plus inconnu du sommet le plus isolé du massif le plus redoutable. La neige, lentement, recouvre la petite poche de survie. Sentir le froid engourdir le corps. Les orteils sont gelés. Le cœur semble ralentir, inexorablement. Quand la tempête a cessé, entendre des hélicoptères survoler la zone. Ouvrir la tente, creuser de ses dernières forces la neige accumulée. Percer la surface et voir s'éloigner les machines décorées de grands autocollants : CRITIQUE, LIBRAIRES, LECTEURS. Tenter d'appeler mais aucun son ne sort de la gorge gelée, et les voir disparaître dans le soleil réapparu, et comprendre que personne ne reviendra. Et je grelottais quand le réveil a sonné !, dit Syméon Claudex à celle qui partage sa vie.

- Pas la peine d'insister, quand bien même tu préfères écrire au bord de la mer, nous irons, comme prévu, en vacances dans les Alpes.