mardi 2 juillet 2019

Voilà, dit Syméon Claudex à celle qui partage sa vie, j'y suis presque.

Syméon Claudex regarde les dix-huit enveloppes alignées sur la table, correctement adressées et timbrées, prêtes à emporter les lettres d'accompagnement soigneusement écrites et signées. Il ne reste qu'à glisser dans chacune un exemplaire de son roman minéral. Il ne peut cependant se résoudre à joindre un compuscrit : ce mot est bien trop horrible. Il aurait pu, à la rigueur, se satisfaire d'un tapuscrit, mais les mécanismes fatigués de l'ancestrale machine à écrire s'oxydent à la cave. Il est, juge-t-il, inimaginable que son roman minéral pénètre le monde de l'édition sous une forme aussi vulgairement abâtardie qu'une impression jet d'encre.

Rien de tel qu'un bon vieux manuscrit ! dit-il plein d'enthousiasme, tandis qu'il cherche dans sa trousse son vieux stylo-plume et ses cartouches d'encre bleu-roi, avant d'ouvrir une première rame de papier vierge.