dimanche 21 juillet 2019

Neil Armstrong sort du module lunaire et descend un à un les barreaux de l'échelle jusqu'à n'être plus qu'à quelques centimètres de la surface. Ses mouvements sont lents et rendus difficiles par son scaphandre blanc. Alors qu'il s'apprête à sauter du dernier échelon pour toucher enfin le sol du satellite sans vie, il paraît hésiter, et tourne comme il le peut la tête pour regarder le paysage.
- Houston, le sol semble couvert d'une fine poussière, dit-il.
Le voici qui pose enfin un pied sur la surface.
- Houston, mon pied s'enfonce d'un ou deux centimètres dans une poussière fine, mais le sol est stable.
Armstrong lâche les montants de l'échelle. Il a désormais les deux pieds posés sur la surface. Il baisse lentement la tête. On entend sa respiration à travers le micro dont on a équipé le scaphandre.
- Houston, dit-il, la poussière sur le sol est étrange. Je vais regarder de plus près.
Sa respiration s'accélère comme il tente de se courber vers le sol.
- Houston, ce... ce n'est pas de la poussière... on dirait... oui, on dirait des lettres ! Ce sont des lettres de notre alphabet ! C'est incroyable, il y en a des milliards de milliards ! Minuscules et complètement désordonnées ! Houston, cela n'a absolument aucun sens, je... attendez... on dirait... mais oui ! le sol est entièrement couvert de ce qui semble être un roman ! D'un certain... Syméon Claudex. Houston, je vais faire quelques pas...
Le silence sidéral est total. Neil Armstrong s'éloigne du module de quelques mètres. Puis, soudain, sa voix ressurgit par-delà le ciel immense.
- C'est un grand pas pour Syméon Claudex, mais un tout petit pas pour la Littérature, dit-il, tirant Syméon Claudex de son sommeil.

- Quelle saloperie, la pleine lune ! dit-il à celle qui partage sa vie.