dimanche 11 août 2019

Syméon Claudex remonte le col de son manteau, dissimulant aux regards la fausse barbe laborieusement collée sur ses joues. C'est pour une animation scolaire, a-t-il dit plus tôt à celle qui partage sa vie, je me suis grimé gentiment. N'ayant pu combler rapidement ses lacunes dans l'élaboration d'un récit criminel plausible, il s'est muni d'une simple hache qu'il tient cachée sous un pan du manteau. Au portail, tout se déroule le mieux du monde, et une camionnette le masque entièrement pendant qu'il franchit la porte cochère. Son cœur bat la chamade mais il se met néanmoins à gravir l'escalier désert qui mène au domicile d'Armand Métamagnus. Il halète. Un instant, une pensée fuse dans son esprit: Et si je partais? Mais il ne se répond pas et se met à écouter l'appartement de Métamagnus : un silence de mort. Il ne supporte plus, tend lentement la main vers la clochette et il sonne.

Syméon Claudex se demande s'il trouvera le courage de faire s'abattre la hache sur le crâne d'Armand Métamagnus. Il se sent pâlir, mais l'idée du sang giclant de la boîte crânienne de ce voleur de révolution minérale le ragaillardit. Trente secondes plus tard, il sonne à nouveau, plus fermement. Pas de réponse.

Oh ! Mais cher Monsieur, vous n'êtes pas au courant ? dit la voisine de palier. On a emmené Monsieur Métamagnus à l'hôpital ce matin ! Oui, une attaque cardiaque fulgurante ! Un stress brutal, d'après le médecin. Ses doigts étaient encore crispés sur le contrat d'édition qu'il venait de recevoir !